Un signal fort vient d’être donné à l’investissement au Maroc. Le groupe PSA vient d’annoncer qu’il est en avance par rapport à l’échéancier retenu initialement avec l’Etat marocain. Le constructeur compte même doubler dès 2020 sa production prévue au démarrage, pour la porter à 200.000 véhicules/an et 200.000 moteurs annuellement. Des objectifs qui étaient initialement prévus pour 2023.

Ce doublement des capacités du site de Kénitra sera accompagné par une augmentation significative des effectifs. D’ici 2020, PSA devra recruter 2.500 collaborateurs, sachant qu’actuellement, le groupe en compte 1.600. Le taux d’intégration locale des véhicules produits à Kénitra atteindra 60% dès le démarrage et sera porté à 80% à terme. Côté sourcing, l’objectif de 1 milliard d’euros a également été avancé à 2020 au lieu de 2022. Un objectif à portée de main.

A l’origine de la révision à la hausse des objectifs, le chiffre d’affaires à l’export du «made in Morocco» qui s’élève actuellement à près de 800 millions d’euros. Des produits fabriqués par l’écosystème automobile développé et soutenu par l’arrivée du groupe PSA au Maroc. Cet écosystème s’est consolidé à 63 sites fournisseurs, dont 28 équipementiers nouvellement installés.

Parmi ces sites, 54 vont livrer l’usine de Kénitra. D’autres fournisseurs devront s’installer prochainement. Le groupe a tenu, le 4 septembre, un meeting avec plus d’une trentaine d’équipementiers pour les inciter à s’installer à Kénitra. Une extension de 500 hectares est prévue pour accompagner cette deuxième phase du projet. Quant à la première phase, elle a absorbé 400 hectares, soit une superficie globale de 900 ha.

«C’est une grande marque de confiance pour le Maroc. D’autant plus que l’usine de Kénitra sera le site industriel le plus performant du groupe», se réjouit Jean-Christophe Quémard, Executive vice-président de la Région Moyen-Orient et Afrique et membre du directoire du groupe PSA, lors d’une conférence de presse organisée le 4 septembre sur le site de Ameur Seflia (région de Kénitra).

Et d’ajouter: «Le groupe PSA met en place au Maroc un dispositif complet couvrant l’ensemble de la chaîne de valeur automobile. Notre projet n’a pas d’équivalent en Afrique. Aujourd’hui, nous franchissons une nouvelle étape». Cette capacité additionnelle est un facteur décisif d’accélération du développement de l’écosystème PSA au Maroc. Elle vise à accompagner le plan de développement du constructeur dans la Région Moyen-Orient et Afrique où son business enregistre un regain de dynamisme.

«Le projet PSA se déploie conformément au calendrier prévisionnel et aux engagements pris de part et d’autre. Des réalisations importantes ont été atteintes. La première pré-série de véhicules a déjà été produite en juillet 2018. Le premier moteur made in Maroc a été assemblé en avril 2018», a confirmé Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie, de l’Investissement, du Commerce et de l’Economie numérique. Selon le ministre: «L’Ecosystème PSA est une locomotive de développement d’un secteur moteur de la croissance de l’économie».

Autre nouveauté  et non des moindres: la mise en place d’un centre d’essais véhicules, moteurs et de roulage aux normes internationales. Cette plateforme est prévue à Khouribga. Le foncier est déjà mobilisé et l’exploitant a été retenu.

Par ailleurs, l’écosystème R&D est en train de se construire. Un centre a été mis en place pour répondre aux besoins de la région (activité principale) mais aussi d’autres usines en France. A terme, ce centre devra accueillir 1.500 ingénieurs et techniciens de pointe.

Partenariat unique

Le groupe PSA ambitionne d’être un constructeur automobile de référence et le fournisseur de mobilité préféré de ses clients. C’est dans cet esprit qu’il a noué un partenariat unique dans l’industrie automobile avec le Maroc. Il est le seul constructeur à couvrir toute la chaîne de valeur au Maroc et en Afrique: centre de pilotage régional, innovation, recherche & développement, production et commerce. Pour la mise en œuvre de l’écosystème PSA au Maroc, des objectifs ambitieux sont assignés au constructeur français. A terme, ce dernier devra atteindre une capacité de production de 1 million de véhicules. Le constructeur devra également développer l’intégration locale en profondeur et atteindre 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires à l’export dont 8 milliards d’euros de valeur ajoutée créée localement. Pour y arriver, une approche progressive est adoptée. Le groupe devra développer la chaîne de valeur du secteur (matière première, ingénierie, pièces de rechange) et assurer un accompagnement spécifique au développement de la filière automobile. Autres enjeux: faire du Maroc un bassin de sourcing des constructeurs automobile établis en Europe et structurer la filière en écosystèmes constructeurs et équipementiers performants.

 

Actuellement, le taux d’intégration s’élève à 65%»

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De nouveaux investissements sont dans le pipe. Mieux, un 3e constructeur sera bientôt là, annonce My Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie et du Commerce (Ph. Bziouat)

– L’Economiste: Suite à ces réalisations probantes annoncées par PSA, quels sont les futurs  objectifs?
– Moulay Hafid Elalamy:
 C’est une bonne nouvelle qu’un grand opérateur  tel que PSA décide, dès la mise en service de l’usine de Kénitra, de passer à la phase 2. Et ce n’est pas fini! Nous travaillons avec le constructeur sur d’autres projets prometteurs. Tout cela confirme la position du Maroc dans le secteur automobile. Le taux d’intégration du véhicule fabriqué dans l’usine de Kénitra s’élève à 65% aujourd’hui alors qu’il devait s’établir à 60% initialement. Une progression qui est fondamentale pour nous.
Notre ambition est de confirmer la place Maroc en tant que base compétitive de développement, de production et d’exportation de véhicules, mais également de mécanique automobile. Plusieurs investissements sont en cours de préparation. Par ailleurs, une ruée est enregistrée au niveau de la zone industrielle de Kénitra. Actuellement, sur 900 hectares industriels, il n’y a aucun mètre carré disponible. Une deuxième extension est prévue pour accueillir de nouveaux équipementiers.

– Y aura-t-il bientôt de nouveaux investissements marocains dans le secteur?
– Au départ, les opérateurs marocains observaient de près le secteur en attendant le déclic. Maintenant, la donne a complètement changé. La pérennité est là, il n’y a qu’à voir Tanger Automotive City où l’ensemble de la zone est plein ou encore le succès de Kénitra Automotive. Des opérateurs existent à Fès, Casablanca ou encore à Meknès… Ils sont spécialisés dans le vitrage, l’injection, l’habitacle, les coiffes de sièges, câblage… D’autres investisseurs s’intéressent de plus en plus au secteur automobile, en y accordant une attention particulière. De nouveaux investissements sont dans le pipe.

– Pour quand l’arrivée d’un troisième constructeur?

– Je vous rassure.  C’est pour bientôt (rires).

Propos recueillis par Nadia DREF

Source: L’Économiste